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Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/373

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à peine Giorgina fut-elle entièrement guérie qu’il alla avec elle à Fulda, où il acheta, outre les objets de première nécessité dont il était dépourvu, plusieurs accessoires qui donnèrent un certain air d’aisance à sa modeste demeure. D’ailleurs, les braconniers et les voleurs de bois semblaient avoir été bannis du district, depuis la visite de l’étranger, et Andrès pouvait en sécurité vaquer à ses fonctions. Enfin, il avait recouvré, comme chasseur, tout son bonheur passé, et il était rare qu’il tirât un coup de fusil sans profit.

L’étranger revint à la Saint-Michel et séjourna trois jours chez Andrès. Malgré le refus opiniâtre de ses hôtes, il se montra aussi libéral que la première fois, en leur assurant qu’il prétendait les mettre tout à fait à leur aise, afin de se rendre à lui-même plus commode et plus agréable son étape dans la forêt.

La charmante Giorgina put alors soigner davantage sa toilette. Elle confia à Andrès que l’étranger lui avait fait présent d’une aiguille d’or finement travaillée, telle qu’en portent, dans les nattes relevées de leurs cheveux, les jeunes filles et les femmes de plusieurs cantons d’Italie. Un sombre nuage passa sur les traits du bon Andrès ; mais, prompte comme l’éclair, Giorgina s’était échappée en courant, et elle ne tarda pas à reparaître, vêtue et parée absolument de même qu’au jour où Andrès l’avait connue à Naples. La belle aiguille d’or brillait dans sa noire chevelure, tressée de la façon la plus pittoresque avec des fleurs de couleur éclatante ; Andrès fut