Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/376

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manières spirituelles, donne déjà de grandes espérances, et il est dommage que vous ne soyez pas en état de lui donner une éducation convenable. J’aurais bien une proposition à vous faire, mais vous ne voudriez pas y consentir, bien que vous ne puissiez l’attribuer qu’à mon envie de vous rendre plus riches et plus heureux. — Vous savez que j’ai de la fortune et point d’enfants. Je ressens pour le vôtre une affection et une tendresse toutes particulières. Donnez-le moi : je le conduirai à Strasbourg, où il sera parfaitement élevé par une dame de mes amies, femme âgée et respectable ; et ce sera pour notre commune satisfaction. Car vous serez ainsi délivrée d’une bien lourde charge. Mais il faut vous décider promptement, car je suis obligé de repartir ce soir même. Je porterai l’enfant sur mes bras jusqu’au prochain village, et là, je me procurerai une voiture. »

À ces mots de l’étranger, Giorgina saisit précipitamment son fils qu’il berçait sur ses genoux et le pressa ardemment contre son sein, tandis que ses yeux se remplissaient de larmes. « Voyez, mon cher Monsieur, dit Andrès, comment ma femme répond à votre proposition ; et je pense comme elle à ce sujet. Votre intention peut être fort bonne ; mais comment songez-vous à nous priver du bien le plus cher que nous ayons au monde ? comment pouvez-vous appeler une charge pour nous ce qui ferait le charme de notre vie quand même nous serions encore victimes de l’affreuse misère, d’où votre bonté nous a tirés ? Écoutez, mon cher Monsieur, vous