Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/383

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participation active autant que possible. Denner applaudit à sa résolution, en ajoutant qu’il était bien loin de vouloir l’incorporer formellement dans la bande ; et qu’il devait, au contraire, conserver ses fonctions de garde de la réserve, dans leur propre intérêt et pour leur être à l’avenir plus utile encore que par le passé.

Il ne s’agissait de rien moins que d’investir et de piller l’habitation d’un riche fermier, assez éloignée du bourg et touchant à la lisière du bois. On savait que ce fermier, outre l’argent comptant et les objets précieux qu’il possédait, venait de toucher pour prix d’une vente de blé une somme fort considérable, et les brigands se promettaient de récolter un riche butin. Les torches furent éteintes, et la troupe se mit silencieusement en marche à travers d’étroits sentiers connus d’elle seule. Arrivés près du bâtiment, une partie d’entr’eux commença par le cerner, et d’autres enfoncèrent la porte de la cour, ou escaladèrent les murs ; plusieurs furent placés en sentinelle à distance, et Andrès était du nombre. Il entendit bientôt les brigands briser les portes et faire irruption dans la maison ; il distinguait leurs jurements, leurs cris et les lamentations des assaillis. Un coup de fusil se fit entendre : le fermier, homme de cœur, s’était mis peut-être sur la défensive ; et puis il se fit un long silence, et l’on entendit ensuite le bris des serrures, et les caisses qu’on trainait hors de la cour. Mais l’un des gens de la ferme, qui s’était sans doute évadé grâce à l’obscurité, avait couru jusqu’au bourg ; car tout à coup le tocsin retentit dans