Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/384

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les ténèbres, et bientôt après des troupes de gens armés et munis de torches couvrirent le chemin aboutissant à la ferme.

Alors les coups de feu se succédèrent rapidement. Les brigands se rassemblèrent dans la cour et renversaient tout ce qui s’approchait du mur ; ils avaient allumé leurs torches à vent. Andrès, placé sur une éminence, put voir toute l’action ; il reconnut avec terreur, parmi les paysans, des chasseurs à la livrée de son maître le comte de Vach. — Que devait-il faire ? les joindre était impossible. La fuite la plus prompte était son seul moyen de salut. Mais il restait là comme fasciné, fixant ses regards sur la cour du fermier où le combat devenait de plus en plus meurtrier ; car les chasseurs du comte de Vach s’étaient introduits par une petite entrée de derrière et en étaient venus aux mains avec les brigands. Ceux-ci durent plier, ils firent retraite en combattant vers l’endroit où Andrès était posté. Celui-ci vit Denner chargeant incessamment son arme et ne tirant jamais un coup en vain. Un jeune homme richement vêtu semblait commander aux chasseurs de Vach qui l’entouraient ; Denner le mit en joue ; mais, avant d’avoir lâché la détente, il tomba frappé d’une balle, avec un cri étouffé. Les brigands se mirent à fuir. — Déjà les chasseurs se précipitaient vers lui, quand Andrès, comme entrainé par une puissance irrésistible, accourut, souleva Denner qu’il mit sur ses épaules, et, fort comme il était, prit la fuite avec son fardeau.

Il atteignit heureusement la forêt sans être pour-