Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/404

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peur de la mort le stimulait à tromper lâchement le tribunal, et prétendant que c’était démentir étrangement la piété dont il faisait tant parade, que d’invoquer Dieu et les saints à l’appui de ses fausses dépositions.

Les juges ne savaient, en effet, que penser, ni d’Andrès, dont les paroles semblaient confirmées par son air et son accent de sincérité, ni de la froide assurance de Denner. — On fit venir aussi Giorgina, qui se précipita dans les bras de son mari en pleurant, et avec les signes d’un désespoir inexprimable. Elle ne put fournir que des témoignages incomplets, et bien qu’elle accusât Denner comme l’horrible meurtrier de son enfant, Denner ne fit paraître aucun ressentiment ; au contraire, il soutint, ainsi qu’il l’avait déjà déclaré, que Giorgina n’avait jamais rien su des démarches coupables de son mari, et qu’elle était absolument innocente.

Andrès fut reconduit dans sa prison. Quelques jours après, le geôlier, homme assez bon, lui apprit que sa femme avait été relâchée de sa captivité, Denner, aussi bien que tous les autres brigands, ayant constamment affirmé son innocence, et nul indice, d’ailleurs, ne s’élevant contre elle. Le jeune comte de Vach, noble et généreux seigneur, et qui semblait douter de la culpabilité d’Andrès lui-même, avait donc fourni caution, et le vieux forestier était venu chercher Giorgina dans une belle voiture. Giorgina avait en vain sollicité la permission de visiter son mari ; le tribuual s’était montré inexorable à cet égard.