Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/42

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Dès que celui-ci eut appris que le peintre Salvator Rosa gisait malade dans la rue Bergognona, il se prépara aussitôt à se transporter près du patient.

Salvator était sans connaissance et dans le paroxysme de la fièvre. La vieille avait suspendu au-dessus du lit deux images de saints et priait avec ferveur. Les filles baignées de larmes s’efforçaient de temps en temps de faire avaler au malade quelques gouttes de la rafraichissante limonade qu’elles avaient préparée, pendant que le fils, assis à son chevet, essuyait la sueur froide de son front. Le jour était arrivé lorsque la porte s’ouvrit bruyamment, et le célébre docteur signor Splendiano Accoramboni entra.

Si Salvator n’eût pas été en danger de mort et s’il n’eût pas éveillé autant d’anxiété autour de lui, nul doute que les deux jeunes filles, gaies et mutines comme elles l’étaient d’habitude, eussent éclaté de rire à la singulière tournure du docteur, au lieu qu’en cette occasion elles se retirèrent timidement et toutes craintives à l’écart. Il ne messied pas de dire quel air avait le petit homme qui parut au point du jour chez la dame Catterina dans la rue Bergognona. En dépit de toutes les dispositions à la croissance la plus parfaite, monsieur le docteur Splendiano Accoramboni n’avait pas cependant pu tout à fait atteindre à la taille majesteuse de quatre pieds. Dans son enfance pourtant la structure de ses membres offrait les proportions les plus élégantes, et avant que sa tête, dès l’origine un peu difforme, eût acquis un volume démesuré, grâce à des joues