Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/422

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fana, dont l’action était si efficace, et que c’était au débit secret de ce poison, dont elle avait toujours été chargée, qu’il devait la plus grande partie de ses bénéfices. En outre, elle affirma, comme un fait positif, qu’il avait fait un pacte avec Satan, et que le diable venait le trouver sous diverses figures. — Chacune de ses femmes lui avait aussi donné un enfant, sans que personne, hors de la maison, eût pu le soupçonner. Car dès que l’enfant avait atteint neuf semaines, ou neuf mois, on le massacrait sans pitié, en lui ouvrant la poitrine pour en retirer le cœur, avec des préparatifs et des cérémonies particulières. Satan n’avait jamais manqué d’assister à cette opération, tantôt sous une forme, tantôt sous une autre, mais le plus souvent en chauve-souris avec un masque humain. C’était lui qui attisait, par le battement de ses ailes hideuses, le feu de charbon sur lequel Trabacchio, avec le sang du cœur de l’enfant, préparait les gouttes précieuses de cette panacée qui triomphait si miraculeusement des maux les plus incurables. Quant à ses femmes, Trabacchio les faisait périr bientôt après, par tel ou tel autre moyen occulte, et de sorte que les regards les plus perçants des médecins n’avaient jamais pu trouver sur elles le moindre indice de mort violente. La dernière femme de Trabacchio, mère de l’enfant qui vivait encore, était la seule qui n’eût pas été tuée de la sorte.

Le docteur convint de tout franchement, et semblait trouver du plaisir à déconcerter ses juges par les récits effrayants de tous ses forfaits, et surtout