Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/423

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en entrant dans les circonstances les plus détaillées de son pacte horrible avec Satan. Les ecclésiastiques qui assistaient le tribunal se confondaient en efforts et en procédés pour amener le docteur à témoigner quelque repentir de ses péchés et à faire amende honorable ; mais ce fut en vain : Trabacchio ne faisait que rire et se moquer d’eux insolemment. Tous deux, Trabacchio et la vieille, furent condamnés à être brûlés vifs.

Cependant on avait visité toute la maison du docteur, et l’on avait saisi toutes ses richesses, qui, sauf le prélèvement des frais du procès, devaient être partagées entre les hôpitaux. On ne trouva aucun livre suspect dans la bibliothèque de Trabacchio, et pas un seul des instruments qui auraient pu se rapporter aux opérations de sorcellerie que le docteur avaient pratiquées. Seulement un caveau, qui devait avoir été son laboratoire, à en juger par un grand nombre de tuyaux qui traversaient la muraille, était si bien fermé, que tous les moyens employés pour l’ouvrir, soit par adresse, soit par force, restèrent sans résultat. Enfin, lorsque des serruriers et des maçons, commis et surveillés par les juges, entreprirent d’y pénétrer en commençant à saper et à démolir, seul expédient qui pût désormais réussir, on entendit tout-à-coup, dans l’intérieur du caveau, un bruissement qui semblait monter et descendre, et les cris confus de voix effrayantes. Les ouvriers se sentirent frappés au visage comme par des ailes glacées, et un vent froid s’agitait dans le corridor, en tourbillons menaçants, avec un siffle-