Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/439

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que je t’ai donnée pour t’empêcher de commettre un meurtre infâme sur mon fils, sur l’enfant de ta fille ! — Tu n’as feint le repentir et la piété que pour te souiller d’une plus odieuse trahison ; mais va ! Satan réserve plus d’un tourment à ton âme, que tu lui as vendue ! » Trabacchio tomba agonisant ; il fit encore un geste de menace, et rendit le dernier soupir.

Les deux hommes creusèrent alors une fosse où ils jetèrent le corps de Trabacchio. « Que son sang ne retombe pas sur moi, dit Andrès, mais pouvais-je faire autrement ? j’étais destiné, sans doute, en sauvant mon Georg, à punir cent crimes abominables. Cependant je prierai pour son âme, et je placerai une petite croix sur sa tombe. » Mais, quand Andrès voulut mettre le lendemain son projet à exécution, il trouva la terre fouillée, et le cadavre avait disparu. On ignora toujours si cela avait été le fait de bêtes sauvages ou d’une autre intervention. — Andrès alla avec son fils et le vieux garde chez le comte de Vach, et lui fit un fidèle récit de l’événement. Le comte de Vach approuva Andrès d’avoir tué, pour sauver son fils, un brigand et un assassin ; et il fit écrire tous les détails de cette histoire, pour être conservés dans les archives du château.

Cet épouvantable dénouement avait causé à Andrès une commotion profonde, et il n’était pas surprenant qu’il passât les nuits dans l’insomnie et dans une agitation extrême. Mais, lorsqu’il s’assoupissait par moments sans veiller ni dormir, il entendait un craquement singulier résonner dans la chambre, et