Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/90

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« Mon bon signor Antonio, gémissait-il tout bas, est-ce que c’en est fait de moi ? suis-je condamné à mourir ? —

« Bon, répondit Antonio, tranquillisez-vous seulement, signor Pasquale : puisque vous avez supporté avec tant de fermeté, et sans tomber en défaillance, la pose du premier appareil, tout danger est passé, je l’espère ; mais votre position néanmoins réclame les soins les plus assidus, et jusqu’à nouvel ordre le chirurgien ne doit pas vous perdre de vue un seul instant.

« Ah ! Antonio, soupira le vieux, vous savez si je vous aime et combien j’estime vos talents : ne m’abandonnez pas ! Donnez-moi votre précieuse main ! comme cela… n’est-ce pas, mon bon, mon cher fils, que vous ne m’abandonnerez pas ? —

« Quoique je ne sois plus chirurgien, dit Antonio, et que j’aie décidément renoncé à ce métier, objet de ma haine, cependant, pour vous, signor Pasquale, je me départirai de ma résolution, et je consens à me charger de votre traitement, à la seule condition que vous me rendrez votre confiance et vos bonnes grâces : car vous m’avez traité bien rigoureusement, signor Pasquale.

« Ne parlons plus de cela, mon digne Antonio, dit le vieux en gémissant. — Mais votre nièce, reprit Antonio, va se lamenter de votre absence et mourra de chagrin si elle se prolonge ; vous êtes, pour votre état, assez dispos et assez fort ; ainsi donc, dès qu’il va faire jour, nous vous transporterons chez vous : là, je donnerai un nouveau coup-d’œil à l’appareil,