Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/18

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avait de même refusé les commandes de Mme de Maintenon, qu’il avait repoussé la demande qu’elle lui avait faite de monter une petite bague ornée des emblèmes des beaux-arts, dont elle voulait faire présent à Racine.

Je parie, dit Mme de Maintenon à Mlle de Scudéri, que Cardillac, si je le fais mander ici afin de savoir à qui il a livré cette parure, se refusera à venir, car il ne veut rien faire pour moi ; quoiqu’il soit devenu depuis quelque temps un peu moins sauvage.

Mlle de Scudéri, qui était impatiente de remettre la parure entre les mains de son légitime propriétaire, répondit que le meilleur leur moyen de vaincre les hésitations de l’original bijoutier, c’était de lui faire dire qu’on ne voulait rien lui commander, mais simplement avoir son avis sur la valeur de quelques bijoux. La marquise approuva cette innocente ruse. On fit appeler Cardillac, et il fut introduit peu de temps après dans l’appartement. Mme de Maintenon lui montra les bijoux sur le tapis vert foncé de la table, puis elle lui demanda si c’était lui qui les avait faits. Cardillac y jeta un coup d’œil :

— Vraiment, madame la marquise, il faut