Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/19

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bien mal connaître l’ouvrage de René Cardillac pour croire un seul instant qu’il y ait dans le monde un autre bijoutier capable de monter une semblable parure. Vous avez raison, madame la marquise, ceci est mon ouvrage.

— Et pour qui donc avez-vous fait ces bijoux ? demanda Mme de Maintenon.

— Pour moi-même et pour moi seul, répondit Cardillac.

Et comme il voyait Mme de Maintenon et Mlle de Scudéri le regarder avec surprise :

— Oh ! vous avez beau trouver cela extraordinaire, continua-t-il, c’est comme je vous le dis ; j’ai rassemblé mes meilleures pierres par pur amour de l’art, et j’ai eu plus de plaisir que jamais à finir cet ouvrage avec soin. Il y a quelque temps. Cette parure disparut de mon atelier d’une manière inconcevable.

— Dieu soit loué, s’écria Mlle de Scudéri, les yeux brillants de joie. Et se levant de son siège avec la vivacité d’une jeune fille elle courut à Cardillac et posa ses deux mains sur les épaules de l’orfèvre.

— Reprenez, dit-elle, reprenez, maître René, votre bien que de hardis voleurs vous avaient enlevé.