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Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/39

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lui arracher un mot de plus et la menace même de la torture n’a produit aucun résultat. Il nous supplie, il nous conjure de lui laisser avoir un entretien avec vous. C’est à vous, à vous seule qu’il veut tout avouer. Consentez donc, mademoiselle, à écouter les aveux de Brusson.

Mlle de Scudéri frémit involontairement.

— Ne craignez rien, noble dame, continua Desgrais ; on ne vous demande point de visiter une fois de plus ces lieux ténébreux qui vous remplissent d’horreur et d’aversion. Dans le silence de la nuit et sans que personne le sache ou puisse nous épier, nous amènerons ici Olivier Brusson comme s’il était libre. Personne n’écoutera aux portes ; on se bornera à le surveiller et il pourra vous parler sans contrainte. Vous n’avez d’ailleurs rien à redouter de lui, j’en réponds sur ma vie. Il ne parle de vous qu’avec la plus sincère vénération ; il jure qu’il est victime de la fatalité et que le malheur de n’avoir pu vous voir plus tôt l’a conduit à la mort. Au reste, de tout ce que vous dira Brusson vous ne rapporterez vous-même que ce qu’il vous plaira. On ne peut user de plus de ménagements.

Mlle de Scudéri demeura quelques instants silencieuse, les yeux baissés : elle réfléchissait. Soudain sa résolution fut prise et elle dit avec dignité :

— Dieu me viendra en aide en me donnant le calme et la fermeté, faites venir Brusson ici, je lui parlerai.