Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/38

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— Ah ! elle aussi, elle aussi s’est laissée tromper par ces hommes cruels. Malheureuse que je suis ! Pauvre et malheureux Olivier !

En proie aux sentiments les plus contradictoires, Mlle de Scudéri s’écria :

— Pourquoi l’enfer m’a-t-il mêlée à cette sinistre affaire qui causera ma mort ?

En ce moment Baptiste entra blême, épouvanté, et annonça que Desgrais était là et demandait à parler à la demoiselle. Pour tout le monde, depuis l’horrible procès de la Voisin la présence de Desgrais dans une maison présageait une accusation criminelle.

— Eh bien ! Baptiste, dit Mlle de Scudéri, faites entrer cet homme qui vous cause tant d’effroi et qui ne saurait me faire aucune peur.

— Le président de La Reynie, dit Desgrais lorsqu’il entra dans l’appartement, m’a chargé, mademoiselle, de vous faire une prière qu’il ne s’attendrait pas à voir exaucée s’il ne connaissait votre vertu et votre courage et si le dernier moyen de faire le jour sur un crime odieux ne dépendait de vous. Olivier Brusson, depuis qu’il vous a vue, est à moitié fou ; il semblait prêt à faire des aveux et maintenant il jure de nouveau par le Christ et tous les saints qu’il est tout à fait innocent de l’assassinat de Cardillac, tout en déclarant qu’il se soumettra sans murmure au supplice qu’il a mérité. Veuillez remarquer, mademoiselle, que par cette dernière phrase l’accusé confesse évidemment d’autres crimes qui pèsent sur lui. Cependant on a fait d’inutiles efforts pour