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Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/51

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de te condamner ma porte, j’ai besoin de toi, je viens de recevoir une commande que je ne puis achever sans ton aide. Voyons, as-tu envie de revenir à l’atelier ? Tu ne dis rien. Je sais que je t’ai froissé, mais je ne te cacherai pas que tes cachotteries avec Madelon m’avaient mis en colère. Cependant tout bien pesé, je me suis dit que tu es habile, laborieux et honnête, et que je ne saurais trouver de meilleur gendre que toi. Viens donc avec moi et tâche de mériter la main de Madelon.

J’avais le cœur serré, Cardillac n’était plus pour moi le même homme que j’avais connu autrefois. Je ne voyais plus en lui qu’un assassin dont la perversité me remplissait d’horreur. Je ne pus lui répondre.

— Tu hésites, reprit-il, d’une voix perçante en clouant sur moi un regard qui m’entrait dans l’âme. Tu hésites. Sans doute, tu ne veux pas me suivre aujourd’hui, parce que tu as d’autres projets. Tu t’apprêtais peut-être à te rendre chez Desgrais ou à faire des confidences à d’Argenson ou à La Reynie. Prends garde, jeune homme, que tes griffes que tu veux mettre en mouvement pour perdre les autres, ne te saisissent et ne te déchirent toi-même.

Incapable de contenir plus longtemps mon indignation, je m’écrie :

— J’ai la conscience nette, je n’ai rien à faire avec ceux que vous venez de nommer.

— Sans doute, Olivier, sans doute, répliqua Cardillac, cela te fait honneur de travailler chez moi, le maître le plus renommé de son temps, estimé partout pour son ta-