Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/52

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lent, vanté partout pour sa loyauté et sa probité, si bien que toute calomnie dirigée contre lui retomberait sur la tête du calomniateur. Quant à Madelon, je dois t’avouer que si je suis revenu à toi, c’est à elle seule que tu le dois. Elle t’aime sincèrement, ardemment. Dès que tu fus parti, elle se jeta à mes pieds, embrassa mes genoux et déclara en pleurant qu’elle ne pouvait vivre sans toi. Je pensais que cela se passerait, mais elle devint malade, languissante, et quand je l’interrogeais, elle n’avait sur les lèvres qu’un mot : ton nom. Je ne pouvais la laisser plus longtemps s’abandonner au désespoir, hier soir je lui ai dit que je consentais à tout et que je te ramènerais aujourd’hui chez nous, il a suffi de ces paroles pour lui rendre la vie.

Dieu m’est témoin, mademoiselle, continua Brusson, que je ne sais comment tout d’un coup je me retrouvai dans l’atelier de Cardillac. Madelon s’était jetée dans mes bras, en s’écriant avec joie : « Olivier ! mon Olivier, mon bien-aimé ! » Ce jour-là, je jurai par la Vierge et par tous les saints de ne jamais la quitter.

Il s’arrêta, accablé lui-même par les révélations qu’il venait de faire. Mlle de Scudéri non moins épouvantée, s’écria :

— C’est affreux. Quoi, René Cardillac appartenait à cette bande scélérate qui, pendant si longtemps, a changé notre bonne ville de Paris en une caverne de brigands ?

— Que dites-vous, mademoiselle ? interrompit Brusson ; une bande, jamais il n’y a