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Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/62

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l’élévation de votre esprit et la droiture de votre cœur m’indiqueraient le chemin que j’avais à suivre. J’allais vers vous avec foi comme une âme en péril cherche l’appui consolateur de la Vierge. Vous savez mademoiselle, que mon dessein a échoué. Cependant je ne renonçai pas à l’espoir d’être plus heureux une autre fois. J’eus bientôt une nouvelle inquiétude. Cardillac était devenu tout à coup triste et sombre, il ne me regardait plus qu’avec des yeux égarés, il ne m’adressait plus que des paroles sans suite et je le voyais constamment faire des gestes désordonnés comme s’il avait lutté contre un ennemi invisible. Il était manifeste qu’il était tourmenté par ces spectres qui, suivant lui, l’obsédaient. Je l’observai attentivement et un jour qu’il avait passé toute la matinée assis à l’établi sans rien dire, il se leva soudain avec brusquerie, courut à la fenêtre, regarda dans la rue et s’écria :

— Après tout il aurait mieux valu qu’Henriette d’Angleterre eût porté ma parure.

Je frissonnai d’épouvante en entendant ces mots, c’était évidemment la voix de Satan