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Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/61

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que ma mauvaise étoile me force d’accomplir, mon âme immortelle n’en soit plus tard rendue responsable. Cette crainte d’un avenir éloigné, mais terrible, m’alarme souvent et bien des fois j’ai voulu pour apaiser ma frayeur, offrir à la Vierge de Saint-Eustache une couronne de diamants ; mais lorsque je me mettais à l’ouvrage je ne pouvais vaincre mon incompréhensible terreur et j’étais bientôt forcé d’abandonner mon projet. J’ai pensé que j’avais besoin de l’intercession d’une personne pieuse, et voilà pourquoi je veux faire cette offrande à Mlle de Scudéri qui est la vertu et la piété même.

Cardillac m’expliqua alors quel était l’emploi de votre temps, et il entra dans les détails les plus précis sur votre manière de vivre. Il enferma la parure dans une jolie cassette et me dit comment et à quelle heure je devais vous la remettre. Un instant auparavant j’avais hésité à me charger de ce message, maintenant j’étais heureux de trouver une occasion de me rapprocher de vous. Je me disais que le fils d’Anne Brusson n’avait qu’à se jeter à vos pieds pour obtenir votre appui dans la cruelle situation où il se trouvait engagé ; j’étais décidé à ne vous rien cacher, à attendre de votre bonté, de votre sagesse, un conseil qui devait me sauver et sauver Madelon, sauver peut-être Cardillac lui-même. Je ne savais pas ce que vous pourriez me dire, mais j’étais sûr que