Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/73

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même instant je me retournai et lui enfonçai dans la poitrine le poignard que je tenais tout prêt.

— Et vous vous êtes tu jusqu’à ce jour ? demanda Mlle de Scudéri. Vous n’avez pas informé les tribunaux de ce qui s’était passé ?

— Permettez-moi, mademoiselle, reprit Miossens, de vous faire observer que cette déclaration n’aurait servi qu’à me perdre moi-même ou à m’impliquer dans le plus affreux procès. En supposant que La Reynie, qui ne voit partout que des criminels, eût cru à la sincérité de mes paroles, comment aurait-il pu admettre cette accusation contre le brave et honnête Cardillac, ce modèle de toute piété et de toute loyauté. N’aurais-je point tourné contre moi-même la pointe du glaive de la justice ?

— Mais par votre silence, vous envoyez l’innocent Brusson à l’échafaud ! objecta Mlle de Scudéri.

— Innocent ! répondit Miossens. Innocent, mademoiselle ! Est-ce bien le nom qu’il faut donner au complice de cet infâme Cardillac ? à celui qui l’a assisté dans ses crimes ? à celui qui a mérité cent fois la mort ? Non, en vérité ! Son sang coulera avec justice, et si je suis venu, noble demoiselle, vous ap-