Page:Holbach - Le Christianisme dévoilé, 1756.djvu/199

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Aimer son prochain comme soi-même, est-il bien plus possible ? Tout homme, par sa nature, s’aime par préférence à tous les autres ; il n’aime ceux-ci, qu’en raison de ce qu’ils contribuent à son propre bonheur ; il a de la vertu, dès qu’il fait du bien à son prochain ; il a de la générosité, lorsqu’il lui sacrifie l’amour qu’il a pour lui-même ; mais jamais il ne l’aime, que pour les qualités utiles qu’il trouve en lui ; il ne peut l’aimer, que lorsqu’il le connoit, et son amour pour lui est forcé de se régler sur les avantages qu’il en reçoit.

Aimer ses ennemis, est donc un précepte impossible. On peut s’abstenir de faire du mal à celui qui nous nuit ;

    sonne ne peut aimer ce qu’il craint. Deos nemo sanus timet, furor enim est metuere salutaria, nes quisquam amat quos timet. De benef. 4. La bible nous dit : Initium sapientia, timor Domini. Ne seroit-ce pas plutôt le commencement de la folie ?