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demens de leurs opinions : ainſi la choſe, que tous regardent comme la plus importante pour eux, fut toujours celle qu’ils craignirent le plus d’approfondir ; ils ſuivent les routes que leurs peres leur ont tracées ; ils croyent, parce qu’on leur a dit dès l’enfance qu’il falloit croire ; ils eſperent, parce que leurs ancêtres ont eſpéré ; ils tremblent, parce que leurs devanciers ont tremblé ; preſque jamais ils n’ont daigné ſe rendre compte des motifs de leur croyance. Très-peu d’hommes ont le loiſir d’examiner, ou la capacité d’enviſager les objets de leur vénération habituelle, de leur attachement peu raiſonné, de leurs craintes traditionelles ; les nations ſont toujours entraînées par le torrent de l’habitude, de l’exemple, du préjugé : l’éducation habitue l’eſprit aux opinions les plus monſtrueuſes, comme le corps aux attitudes les plus gênantes : tout ce qui a duré longtems paroît