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CHAPITRE VII

De l’ame & du systême de la spiritualité.


Après avoir gratuitement supposé deux substances distinguées dans l’homme, on prétendit, comme on a vu, que celle qui agissoit invisiblement au-dedans de lui-même étoit essentiellement différente de celle qui agissoit au-dehors ; on désigna la première, comme nous avons dit, sous le nom d’esprit ou d’ame. Mais si nous demandons ce que c’est qu’un esprit ? Les modernes nous répondent que le fruit de toutes leurs recherches métaphysiques s’est borné à leur apprendre que ce qui fait agir l’homme est une substance d’une nature inconnue, tellement simple, indivisible, privée d’étendue, invisible, impossible à saisir par les sens, que ses parties ne peuvent être séparées même par abstraction ou par la pensée. Mais comment concevoir une pareille substance qui n’est qu’une négation de tout ce que nous connoissons ? Comment se faire une idée d’une substance privée d’étendue & néanmoins agissante sur nos sens, c’est-à-dire sur des organes matériels qui ont de l’étendue ? Comment un être sans étendue peut-il être mobile & mettre de la matiere en mouvement ? Comment une substance dépourvue de parties peut-elle répondre successivement à différentes parties de l’espace ?

En effet, comme tout le monde en convient, le mouvement est le changement successif des