Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/105

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rapports d’un corps avec différens points d’un lieu ou de l’espace ou avec d’autres corps ; si ce qu’on appelle esprit est susceptible de recevoir ou de communiquer du mouvement, s’il agit, s’il met en jeu les organes du corps, pour produire ces effets, il faut que cet être change successivement ses rapports, sa tendance, sa correspondance, la position de ses parties relativement aux différens points de l’espace, ou relativement aux différens organes de ce corps qu’il met en action : mais pour changer ses rapports avec l’espace & les organes qu’il meut, il faut que cet esprit ait de l’étendue, de la solidité & par conséquent des parties distinctes dès qu’une substance a ces qualités elle est ce que nous appellons de la matiere & ne peut être regardée comme un être simple au sens des modernes[1].

Ainsi l’on voit que ceux qui ont supposé dans l’homme une substance immatérielle distinguée de son corps ne se sont point entendus eux-mêmes, & n’ont fait qu’imaginer une qualité négative dont ils n’ont point eu de véritable idée ; la matiere seule peut agir sur nos sens, sans lesquels il nous est impossible que rien se fasse connoître à nous. Ils n’ont point vu qu’un être privé d’éten-

  1. Ceux qui prétendent que l’ame est un être simple ne manqueront pas de nous dire que les matérialistes & les physiciens eux-mêmes admettent des élémens, des atomes, des êtres simples & indivisibles dont tous les corps sont composés ; mais ces êtres simples ou atomes des physiciens ne sont pas la même chose que les ames des métaphysiciens modernes. Lorsque nous disons que les atômes sont des êtres simples, nous indiquons par là qu’ils sont purs, homogènes, sans mélanges ; mais néanmoins qu’ils ont de l’étendue & par consequent des parties, séparables par la pensée, quoiqu’aucun agent naturel ne puisse les séparer : des êtres simples de cette espece sont susceptibles de mouvement, tandis qu’il est impossible de concevoir comment les êtres simples inventés par les théologiens pourroient se mouvoir eux-mêmes ou mouvoir d’autres corps.