Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

stitués qui, se trouvant heureux, se prêteront aux impulsions utiles que l’on voudra donner à leurs ames. Ces ames seront toujours vicieuses quand les corps seront souffrans & les nations malheureuses. mens sana in corpore sano. voilà ce qui peut constituer un bon citoyen.

Plus nous réfléchirons & plus nous demeurerons convaincus que l’ame, bien loin de devoir être distinguée du corps, n’est que ce corps lui-même envisagé relativement à quelques-unes de ses fonctions, ou à quelques façons d’être & d’agir dont il est susceptible tant qu’il jouit de la vie. Ainsi l’ame est l’homme considéré relativement à la faculté qu’il a de sentir, de penser & d’agir d’une façon résultante de sa nature propre, c’est-à-dire, de ses propriétés, de son organisation particulière & des modifications durables ou transitoires que sa machine éprouve de la part des êtres qui agissent sur elle.[1]

Ceux qui ont distingué l’ame du corps, ne semblent avoir fait que distinguer son cerveau de lui-même. En effet le cerveau est le centre commun où viennent aboutir & se confondre tous les

  1. Lorsqu’on demande aux théologiens, obstinés à admettre deux substances essentiellement différentes, pourquoi ils multiplient les êtres sans nécessité, c’est, disent-ils, parce que la pensée ne peut être une propriété de la matiere. On leur demande alors si Dieu ne peut pas donner à la matiere la faculté de penser ? ils répondent que non, vu que Dieu ne peut pas faire des choses impossibles. Mais dans ce cas les théologiens, d’apres ces assertions, se reconnoissent pour de vrais Athées ; en effet, d’après leurs principes, il est aussi impossible que l’esprit ou la pensée produisent la matiere qu’il est impossible que la matiere produise l’esprit ou la pensée ; & l’on en conclura contr’eux que le monde n’a point été fait par un esprit, pas plus qu’un esprit par le monde ; que le monde est éternel ; & que s’il existe un esprit éternel, il y a deux êtres éternels selon eux, ce qui seroit absurde ; ou s’il n’y a qu’une feula substance éternelle, c’est le monde, vu que le monde existe comme on n’en peut douter.