Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/123

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goute, il a la conscience, c’est-à-dire, il sent intérieurement qu’il se fait en lui des changemens très marqués, sans qu’aucune cause extérieure agisse immédiatement sur lui ; cependant en remontant à la vraie source de ces changemens, nous trouverons que ce sont des causes extérieures qui les produisent, tels que l’organisation & le tempérament reçus de nos parens, certains alimens, & mille causes inappréciables & légères qui, en s’amassant peu-à-peu produisent l’humeur de la goute, dont l’effet est de se faire sentir très vivement. La douleur de la goute fait naître dans le cerveau une idée ou une modification qu’il a le pouvoir de se représenter ou de réitérer en lui, même lorsqu’il n’a plus la goute : son cerveau par une série de mouvemens se remet alors dans un état analogue à celui où il étoit, quand il éprouvoit réellement cette douleur, il n’en auroit aucune idée si jamais il ne l’avoit sentie.

L’on appelle sens les organes visibles de notre corps par l’intermede desquels le cerveau est modifié. On donne différens noms aux modifications qu’il reçoit. Les noms de sensations, de perceptions, d’idées ne désignent que des changemens produits dans l’organe intérieur à l’occasion des impressions que font sur les organes extérieurs les corps qui agissent sur eux. Ces changemens considérés en eux-mêmes se nomment sensations ; ils se nomment perceptions dès que l’organe intérieur les apperçoit ou en est averti ; ils se nomment idées lorsque l’organe intérieur rapporte ces changemens à l’objet qui les a produits.

Toute sensation n’est donc qu’une secousse donnée à nos organes ; toute perception est cette