Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/124

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secousse propagée jusqu’au cerveau ; toute idée est l’image de l’objet à qui la sensation & la perception sont dues. D’où l’on voit que si nos sens ne sont remués, nous ne pouvons avoir ni sensations, ni perceptions, ni idées ; comme nous aurons occasion de le prouver à ceux qui pourroient encore douter d’une vérité si frappante.

C’est la grande mobilité dont l’organisation de l’homme le rend capable qui le distingue des autres êtres que nous nommons insensibles & inanimés ; ce sont les différens dégrés de mobilité dont l’organisation particulière des individus de notre espece les rend susceptibles, qui mettent entre eux des différences infinies & des variétés incroyables tant pour les facultés corporelles que pour celles qu’on nomme mentales ou intellectuelles. De cette mobilité plus ou moins grande résulte l’esprit, la sensibilité, l’imagination, le goût, etc… mais suivons pour le présent les opérations de nos sens, & voyons la maniere dont les objets extérieurs agissent sur eux & les modifient ; nous examinerons ensuite la réaction de l’organe intérieur.

Les yeux sont des organes très mobiles & très délicats, par le moyen desquels nous éprouvons la sensation de la lumiere ou de la couleur, qui donne au cerveau une perception distincte, à la suite de laquelle le corps lumineux ou coloré fait naître en nous une idée. Dès que j’ouvre ma paupière, ma rétine est affectée d’une façon particulière, il s’excite dans la liqueur, des fibres & des nerfs dont mes yeux sont composés, des ébranlemens, qui se communiquent au cerveau & y peignent l’image du corps qui agit sur nos yeux ; par