Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/134

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parconséquent le même systême de conduite. Les organes visibles des hommes, ainsi que leurs organes cachés, ont bien une analogie ou des points généraux de ressemblance & de conformité qui font qu’ils paraissent en gros affectés de la même maniére par de certaines causes, mais leurs différences sont infinies dans les détails. Les ames humaines peuvent être comparées à des instrumens dont les cordes, déjà diverses par elles-mêmes ou par les matiéres dont elles ont été tissues, sont encore montées sur des tons différens : frappée par une même impulsion chaque corde rend le son qui lui est propre, c’est-à-dire qui dépend de son tissu, de sa tension, de sa grosseur, de l’état momentané où la met l’air qui l’environne, etc. C’est là ce qui produit le spectacle si varié que nous offre le monde moral ; c’est de là que résulte cette diversité si frappante que nous trouvons entre les esprits, les facultés, les passions, les énergies, les goûts, les imaginations, les idées, les opinions des hommes ; cette diversité est aussi grande que celles de leurs forces physiques, & dépend comme elles de leurs tempéramens, aussi variés que leurs physionomies : de cette diversité résulte l’action & la réaction continuelle qui fait la vie du monde moral ; de cette discordance résulte l’harmonie qui maintient & conserve la race humaine.

La diversité qui se trouve entre les individus de l’espece humaine met entre eux de l’inégalité, & cette inégalité fait le soutien de la société. Si tous les hommes étoient les mêmes pour les forces du corps & pour les talens de l’esprit, ils n’auroient aucun besoin les uns des autres : c’est la diversité de leurs facultés & l’inégalité qu’elles mettent entre eux qui rendent les mortels nécessaires