Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/141

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sont dues à des causes matérielles qui influent sur leur organisation particulière d’une façon plus ou moins durable & marquée. Mais d’où vient cette organisation, si non des parens desquels nous recevons les élémens d’une machine nécessairement analogue à la leur ; d’où vient le plus ou le moins de matiere ignée ou de chaleur vivifiante qui décide de nos qualités mentales ? C’est de la mère qui nous a porté dans son sein, qui nous a communiqué une portion du feu dont elle fut animée elle-même, & qui avec son sang circuloit dans ses veines. C’est des alimens qui nous ont nourris, c’est du climat où nous vivons, c’est de l’atmosphere qui nous entoure ; toutes ces causes influent sur nos fluides & nos solides & décident de nos dispositions naturelles. En examinant ces dispositions, d’où dépendent nos facultés, nous les trouverons toujours corporelles & matérielles.

La première de ces dispositions est la sensibilité physique de laquelle nous verrons découler toutes nos autres qualités intellectuelles ou morales. Sentir, comme on l’a dit, c’est être remué & avoir la conscience des changemens qui s’opèrent en nous. Avoir de la sensibilité n’est donc autre chose qu’être conformé de maniere à sentir très promptement & très vivement les impressions des objets qui agissent sur nous. Une ame sensible n’est donc que le cerveau d’un homme disposé de maniere à recevoir avec facilité les mouvemens qui lui sont communiqués. C’est ainsi que nous appellons sensible celui que la vue d’un malheureux ou le récit d’une catastrophe, ou l’idée d’un spectacle affligeant touchent assez vivement pour répandre des larmes, signe auquel nous reconnoissons les effets d’un grand trouble dans la machine