Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/140

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des expressions de chaleur d’ame, d’imagination ardente, de feu du génie, etc.[1]

C’est ce feu, répandu en doses différentes dans les êtres de notre espece, qui leur donne le mouvement, l’activité, la chaleur animale & qui, pour ainsi dire, les rend plus ou moins vivans. Ce feu si mobile & si subtil, se dissipe avec facilité, & pour lors il demande à être rétabli à l’aide des alimens qui le contiennent, & qui par là se trouvent propres à remonter notre machine, à réchauffer le cerveau, à lui rendre l’activité nécessaire pour remplir les fonctions que l’on nomme intellectuelles. C’est ce feu contenu dans le vin & dans les liqueurs fortes qui donne aux hommes les plus engourdis une vivacité dont sans lui ils seroient incapables, & qui pousse les lâches même au combat. C’est ce feu qui trop abondant en nous dans certaines maladies nous jette dans le délire, & qui trop foible dans d’autres nous plonge dans l’affaissement. Enfin c’est ce feu qui diminue dans la vieillesse & qui se dissipe totalement à la mort[2].

Si nous examinons d’après nos principes les facultés intellectuelles des hommes ou leurs qualités morales, nous demeurerons convaincus qu’elles

  1. Je serois assez tenté de croire que ce que les Médecins nomment le fluide nerveux ou cette matiere si mobile qui avertit si promptement le cerveau de tout ce qui se passe en nous, n’est autre chose que la matiere électrique & que c’est la différence de ses doses ou proportions qui est une des principales causes de la diversité des hommes & de leurs facultés.
  2. Si nous voulons être de bonne foi nous trouverons que c’est la chaleur qui est le principe de la vie. C’est à l’aide de la chaleur que les êtres passent de l’inaction au mouvement, du repos à la fermentation, de l’état inanimé à celui de la vie : nous en avons la preuve dans l’œuf que la chaleur fait éclore ; en un mot point de génération sans chaleur.