Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/144

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bien & qu’ils nomment folie, délire, crime ou fureur quand il en résulte du désordre.

L’esprit n’est juste, il n’est capable de juger sainement des choses ; l’imagination n’est réglée que lorsque l’organisation est disposée de maniere à remplir ses fonctions avec précision. à chaque instant de sa vie l’homme fait des expériences ; chaque sensation qu’il éprouve est un fait qui consigne dans son cerveau une idée, que sa mémoire lui rappelle avec plus ou moins d’exactitude ou de fidélité ; ces faits se lient, ces idées s’associent, & leur chaîne constitue l’expérience & la science. Sçavoir, c’est être assûré par des expériences réiterées & faites avec précision, des idées, des sensations, des effets qu’un objet peut produire sur nous-mêmes ou sur les autres. Toute science ne peut être fondée que sur la vérité, & la vérité elle-même ne se fonde que sur le rapport constant & fidèle de nos sens. Ainsi la vérité est la conformité ou la convenance perpétuelle que nos sens bien constitués nous montrent, à l’aide de l’expérience, entre les objets que nous connoissons & les qualités que nous leur attribuons. En un mot la vérité est l’association juste & précise de nos idées. Mais comment sans expérience s’assurer de la justesse de cette association ; & si l’on ne réitére ces expériences, comment les constater ? Enfin si nos sens sont viciés, comment s’en rapporter aux expériences ou faits qu’ils consignent dans notre cerveau ? C’est par des expériences multipliées, diversifiées, répétées, qu’on pourra rectifier les défauts des premières.

Nous sommes dans l’erreur toutes les fois que des organes déjà peu sains par leur nature, ou