Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/149

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moins sur les volontés chimériques d’un être surnaturel, mais sur les rapports éternels & invariables qui subsistent entre les êtres de l’espece humaine vivans en société, & qui subsisteront autant que l’homme & la société. Ainsi la vertu est tout ce qui est vraiment & constamment utile aux êtres de l’espece humaine vivans en société ; le vice est tout ce qui leur est nuisible. Les plus grandes vertus sont celles qui leur procurent les avantages les plus grands & les plus durables ; les plus grands vices sont ceux qui troublent plus leur tendance au bonheur & l’ordre nécessaire à la société. L’homme vertueux est celui dont les actions tendent constamment au bien-être de ses semblables ; l’homme vicieux est celui dont la conduite tend au malheur de ceux avec qui il vit, d’où son propre malheur doit communément résulter. Tout ce qui nous procure à nous-mêmes un bonheur véritable & permanent est raisonnable ; tout ce qui trouble notre propre félicité ou celle des êtres nécessaires à notre bonheur est insensé ou déraisonnable. Un homme qui nuit aux autres est un méchant ; un homme qui se nuit à lui-même est un imprudent, qui ne connoît ni la raison, ni ses propres intérêts, ni la vérité.

Nos devoirs sont les moyens dont l’expérience & la raison nous montrent la nécessité pour parvenir à la fin que nous nous proposons : ces devoirs sont une suite nécessaire des rapports subsistans entre des hommes qui desirent également le bonheur & la conservation de leur être. Lorsqu’on dit que ces devoirs nous obligent, cela signifie que sans prendre ces moyens, nous ne pouvons parvenir à la fin que notre nature se propose. Ainsi l’obligation morale est la nécessité d’employer les