Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/148

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Mais quel est le but de l’homme dans la sphere qu’il occupe ? C’est de se conserver & de rendre son existence heureuse. Il est donc important qu’il en connoisse les vrais moyens, dont sa prudence & sa raison lui enseignent à faire usage pour parvenir sûrement & constamment au but qu’il se propose. Ces moyens sont ses propres facultés, son esprit, ses talens, son industrie, ses actions déterminées par les passions dont sa nature le rend susceptible, & qui donnent plus ou moins d’activité à sa volonté. L’expérience & la raison lui montrent encore que les hommes avec lesquels il est associé lui sont nécessaires, peuvent contribuer à son bonheur, à ses plaisirs, peuvent l’aider des facultés qui leur sont propres ; l’expérience lui apprend de quelle façon il peut les faire concourir à ses desseins, les déterminer à vouloir & agir en sa faveur, il voit les actions qu’ils approuvent & celles qui leur déplaisent, la conduite qui les attire & celle qui les repousse, les jugemens qu’ils en portent, les effets avantageux ou nuisibles qui résultent des différentes façons d’être & d’agir. Toutes ces expériences lui donnent l’idée de la vertu & du vice, du juste & de l’injuste, de la bonté & de la méchanceté, de la décence & de l’indécence, de la probité & de la fourberie, etc. En un mot il apprend à juger les hommes & leurs actions, à distinguer les sentimens nécessaires qui s’excitent en eux d’après la diversité des effets qu’on leur fait éprouver.

C’est sur la diversité nécessaire de ces effets qu’est fondée la distinction du bien & du mal, du vice & de la vertu ; distinction qui, comme quelques penseurs l’ont cru, n’est point fondée sur des conventions entre les hommes, & encore bien