Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/157

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Ainsi les souverains sont les ministres de la société, ses interprêtes, les dépositaires d’une portion plus ou moins grande de son pouvoir, & non ses maîtres absolus, ni les propriétaires des nations. Par un pacte, soit exprimé soit tacite, ces souverains s’engagent à veiller au maintien & à s’occuper du bien-être de la société ; ce n’est qu’à ces conditions que cette société consent à obéir. Nulle société sur la terre n’a pu ni voulu conférer irrévocablement à ses chefs le droit de lui nuire : une telle concession seroit annullée par la nature, qui veut que chaque société, ainsi que chaque individu de l’espece humaine, tende à se conserver, & ne puisse consentir à son malheur permanent.

Les loix pour être justes doivent avoir pour but invariable l’intérêt général de la société, c’est-à-dire, assurer au plus grand nombre des citoyens les avantages pour lesquels ils se sont associés. Ces avantages sont la liberté, la propriété, la sûreté. La liberté est la faculté de faire pour son propre-bonheur tout ce qui ne nuit pas au bonheur de ses associés, en s’associant chaque individu a renoncé à l’exercice de la portion de sa liberté naturelle qui pourroit préjudicier à celle des autres. L’exercice de la liberté nuisible à la société se nomme licence. La propriété est la faculté de jouir des avantages que le travail & l’industrie ont procurés à chaque membre de la société. La sûreté est la certitude que chaque membre doit avoir de jouir de sa personne, & de ses biens sous la protection des loix tant qu’il observera fidélement ses engagemens avec la société.

La justice assure à tous les membres de la so-