Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/164

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rens & nos instituteurs qui nous rendent bons ou méchans, sages ou déraisonnables, studieux ou dissipés, solides ou légers & vains. Leurs exemples & leurs discours nous modifient pour toute la vie, en nous apprenant quelles sont les choses que nous devons désirer ou craindre ; nous les désirons & nous tâchons de les obtenir suivant l’énergie de notre tempérament, qui décide toujours de la force de nos passions. C’est donc l’éducation qui, en nous inspirant des opinions ou des idées vraies ou fausses, nous donne les impulsions primitives, d’après lesquelles nous agissons d’une façon avantageuse ou nuisible à nous-mêmes & aux autres. Nous n’apportons en naissant que le besoin de nous conserver & de rendre notre existence heureuse ; l’instruction, l’exemple, la conversation, l’usage du monde nous en présentent les moyens réels ou imaginaires, l’habitude nous procure la facilité de les employer, & nous attache fortement à ceux que nous jugeons les plus propres à nous mettre en possession des objets que nous avons appris à désirer. Lorsque notre éducation, les exemples qu’on nous donne, les moyens que l’on nous fournit sont approuvés par la raison tout concourt à nous rendre vertueux, l’habitude fortifie en nous ces dispositions, & nous devenons des membres utiles de la société, à laquelle tout devrait nous prouver que notre bien-être durable est nécessairement lié. Si au contraire notre éducation, nos institutions, les exemples qu’on nous donne, les opinions qu’on nous suggére dès l’enfance, nous montrent la vertu comme inutile ou contraire & le vice comme utile & favorable à notre propre bonheur, alors nous deviendrons vicieux & nous nous croirons intéressés à nuire à nos associés ; nous suivrons le torrent