Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’ont modifié ; nous trouverons que ces modifications se renouvellent en lui, non par quelque mouvement spontané ou volontaire de sa part, mais par une suite des mouvemens involontaires qui se passent dans la machine & qui déterminent ou excitent ceux qui se font dans le cerveau ; ces modifications se renouvellent avec plus ou moins d’exactitude ou de conformité avec celles qu’il avoit antérieurement éprouvées. Quelquefois en rêvant nous avons de la mémoire, & nous nous retraçons pour lors fidélement des objets qui nous ont frappé ; d’autres fois ces modifications se renouvellent sans ordre, sans liaison ou différemment de celles que des objets réels ont excitées auparavant dans notre organe intérieur. Si dans un rêve je crois voir un ami, mon cerveau se renouvelle les modifications ou les idées que cet ami excitoit en lui, dans le même ordre qu’elles se sont arrangées lorsque mes yeux le voyoient, ce qui n’est qu’un effet de la mémoire. Si dans un rêve je vois un monstre qui n’a point de modele dans la nature, mon cerveau est modifié de la même façon qu’il l’étoit par des idées particulières & détachées dont il ne fait alors que composer un tout idéal en rapprochant ou en associant ridiculement des idées éparses qui s’étoient consignées en lui ; & alors j’ai en rêvant de l’imagination.

Les rêves fâcheux, bizarres, décousus sont communément les effets de quelque désordre dans notre machine, tels qu’une digestion pénible, un sang trop échauffé, une fermentation nuisible, etc. ; ces causes matérielles excitent dans notre corps des mouvemens désordonnés qui empêchent que le cerveau ne soit modifié de la même maniere