Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

On nous dit que la liberté est l’absence des obstacles qui peuvent s’opposer à nos actions ou à l’exercice de nos facultés : on prétendra que nous sommes libres toutes les fois qu’en faisant usage de ces facultés elles opèrent l’effet que nous nous étions proposé. Mais pour répondre à cette objection il suffit de considérer qu’il ne dépend pas de nous de mettre ou d’ ôter les obstacles qui nous déterminent ou nous arrêtent ; le motif qui nous fait agir n’est pas plus en notre pouvoir que l’obstacle qui nous arrête, soit que ce motif & cet obstacle soient en nous-mêmes ou hors de nous. Je ne suis pas le maître de la pensée qui vient à mon esprit & qui détermine ma volonté ; cette pensée s’est excitée en moi à l’occasion de quelque cause indépendante de moi-même.

Pour se détromper du systême de la liberté de l’homme, il s’agit simplement de remonter au motif qui détermine sa volonté, & nous trouverons toujours que ce motif est hors de son pouvoir. Vous direz qu’en conséquence d’une idée qui naît dans votre esprit vous agirez librement si vous ne rencontrez point d’obstacles. Mais qu’est-ce qui a fait naître cette idée dans votre cerveau ? étiez-vous le maître d’empêcher qu’elle ne se présentât ou ne se renouvellât dans votre cerveau ? Cette idée ne dépend-elle pas des objets qui vous frappent malgré vous du dehors, ou des causes qui, à votre insçu, agissent au dedans de vous-même & modifient votre cerveau ? Pouvez-vous empêcher

    de braver son ennemi, de l’étonner, de l’intimider ; le désespoir &c., étoient les chaînes invisibles qui le tenoient lié sur le brasier. L’amour de la gloire, l’enthousiasme pour la patrie forcèrent pareillement Codrus & Decius à se dévouer pour leurs concitoyens. L’indien Çalanus, & le philosophe Peregrinus furent également forcés de se brûler, par le désir d’exciter l’étonnement de la Grèce assemblée.