Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/223

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en conséquence des idées, des perceptions, des sensations qu’il reçoit des objets extérieurs. Comme le méchanisme de ces perceptions, de ces sensations & la façon dont ces idées se gravent dans notre cerveau ne nous sont point connus, faute de pouvoir démêler tous ces mouvemens, faute d’appercevoir la chaîne des opérations de notre ame, ou le principe moteur qui agit en nous, nous le supposons libre, ce qui traduit à la lettre, signifie qu’il se meut de lui-même, se détermine sans cause ; ou plutôt ce qui veut dire que nous ignorons comment & pourquoi il agit comme il fait. Il est vrai qu’on nous dit que l’ame jouit d’une activité qui lui est propre ; j’y consens, mais il est certain que cette activité ne se déployera jamais, si quelque motif ou cause ne la met à portée de s’exercer ; à moins qu’on ne prétendit que l’ame peut aimer ou haïr sans avoir été remuée, sans connoître les objets, sans avoir quelque idée de leurs qualités. La poudre à canon a, sans doute, une activité particulière, mais jamais elle ne se déployera si l’on n’en approche le feu qui la force de s’exercer.

C’est la grande complication de nos mouvemens, c’est la variété de nos actions, c’est la multiplicité des causes qui nous remuent, soit à la fois soit successivement & sans interruption, qui nous persuadent que nous sommes libres. Si tous les mouvemens de l’homme étoient simples ; si les causes qui nous remuent ne se confondoient point, étoient distinctes ; si notre machine étoit moins compliquée, nous verrions que toutes nos actions sont nécessaires, parce que nous remonterions sur le champ à la cause qui nous fait agir. Un homme qui seroit toujours forcé d’aller vers l’occident