Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/226

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ames. Tant il est vrai que l’erreur ne peut jamais être utile au genre humain.

Quoiqu’il en soit, dans la physique nous voyons ou nous croyons voir bien plus distinctement la raison nécessaire des effets avec leurs causes que dans le cœur humain. Au moins y voyons-nous des causes sensibles produire constamment des effets sensibles, toujours les mêmes, lorsque les circonstances sont semblables. D’après cela nous ne balançons pas à regarder les effets physiques comme nécessaires, tandis que nous refusons de reconnoître la nécessité dans les actes de la volonté humaine, que l’on a sans fondement attribués à un mobile agissant par sa propre énergie, capable de se modifier sans le concours des causes extérieures, & distingué de tous les êtres physiques & matériels. L’agriculture est fondée sur l’assûrance que l’expérience nous donne de pouvoir forcer la terre cultivée & ensemencée d’une certaine façon, quand elle a d’ailleurs les qualités requises, à nous fournir des grains ou des fruits nécessaires à notre subsistance ou propres à flatter nos sens. Si l’on considéroit les choses sans préjugé, on verroit que dans le moral l’éducation n’est autre chose que l’agriculture de l’esprit, & que, semblable à la terre, en raison de ses dispositions naturelles, de la culture qu’on lui donne, des fruits que l’on y seme, des saisons plus ou moins favorables qui les conduisent à la maturité, nous sommes assûrés que l’ame produira des vices ou des vertus, des fruits moraux utiles ou nuisibles à la société. La morale est la science des rapports qui sont entre les esprits, les volontés & les actions des hommes, de même que la géométrie est la science des rapports qui sont entre les corps. La