Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/229

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passions de l’homme sont comme le feu qui est également nécessaire aux besoins de la vie & capable de produire les plus affreux ravages[1].

Tout devient une impulsion pour la volonté ; un mot suffit souvent pour modifier un homme pour tout le cours de sa vie, & pour décider à jamais de ses penchans. Un enfant s’est-il brûlé le doigt pour l’avoir approché d’une bougie de trop près, il est averti pour toujours qu’il doit s’abstenir d’une pareille tentative. Un homme une fois puni & méprisé pour avoir fait une action deshonnête n’est point tenté de continuer. Sous quelque point de vue que nous envisagions l’homme jamais nous ne le verrons agir que d’après les impulsions données à sa volonté, soit par des causes physiques, soit par d’autres volontés. L’organisation particulière décide de la nature de ces impulsions ; les ames agissent sur des ames analogues, des imaginations embrasées agissent sur des passions fortes & sur des imaginations faciles à enflammer ; les progrès surprenans de l’enthousiasme, la propagation héréditaire de la superstition, la transmission des erreurs religieuses de race en race, l’ardeur avec la quelle on saisit le merveilleux, sont des effets aussi nécessaires que ceux qui résultent de l’action & de la réaction des corps.

Malgré les idées si gratuites que les hommes se sont faites de leur prétendue liberté ; malgré les illusions de ce prétendu sens intime, qui en dépit de l’expérience leur persuade qu’ils sont

  1. Des théologiens eux-même ont senti la nécessité des passions. Voez un livre du père Senault qui a pour titre de l’usage des passions.