Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ou sensible au bonheur de son espèce, le dogme du fatalisme est utile ou dangereux : voyons si c’est une spéculation stérile & qui n’ait aucune influence sur la félicité du genre humain. Nous avons déjà vû qu’il devoit fournir à la morale & à la politique des mobiles vrais & réels pour faire agir les volontés des hommes ; nous avons vû pareillement qu’il servoit à expliquer d’une façon simple le méchanisme des actions & les phénomènes du cœur humain. D’un autre côté, si nos idées ne sont que des spéculations stériles elles ne peuvent intéresser le bonheur du genre humain ; soit qu’il se croie libre, soit qu’il reconnoisse la nécessité des choses, il suivra toujours également les penchans imprimés à son ame. Une éducation sensée, des habitudes honnêtes, des systêmes sages, des loix équitables, des récompenses & des peines justement distribuées, rendront l’homme bon, & non des spéculations épineuses qui ne peuvent tout au plus influer que sur les personnes accoutumées à penser.

D’après ces réflexions il nous sera facile de lever les difficultés qu’on oppose sans cesse au systême du fatalisme, que tant de gens, aveuglés par leurs systêmes religieux, voudroient faire regarder comme dangereux, comme digne de châtiment, comme propre à troubler l’ordre public, à déchaîner les passions, à confondre les idées que l’on doit avoir du vice & de la vertu.

On nous dit en effet que, si toutes les actions des hommes sont nécessaires, l’on n’est point en droit de punir ceux qui en commettent de mauvai-