Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/246

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rangement de leur cerveau. Les méchans sont des hommes dont le cerveau est, soit continuement soit passagérement troublé, il faut donc les punir en raison du mal qu’ils font, & les mettre pour toujours dans l’impuissance de nuire, si l’on n’a point d’espoir de jamais les ramener à une conduite plus conforme au but de la société.

Je n’examine point ici jusqu’où peuvent aller les châtimens que la société inflige à ceux qui l’offensent. La raison semble indiquer que la loi doit montrer aux crimes nécessaires des hommes toute l’indulgence compatible avec la conservation de la société. Le systême de la fatalité ne laisse point, comme on a vu, les crimes impunis, mais au moins il est propre a modérer la barbarie avec laquelle un grand nombre de nations punissent les victimes de leur colere. Cette cruauté devient encore plus absurde lorsque l’expérience en montre l’inutilité ; l’habitude de voir des supplices atroces familiarise les criminels avec leur idée. S’il est bien vrai que la société ait le droit d’ ôter la vie à ses membres ; s’il est bien vrai que la mort du criminel, inutile désormais pour lui, soit avantageuse à la société, ce qu’il faudroit examiner ; l’humanité exigeroit du moins que cette mort ne fût point accompagnée des tourmens inutiles, dont souvent les loix trop rigoureuses se plaisent à la surcharger. Cette cruauté ne sert qu’à faire souffrir sans fruit pour elle-même la victime que l’on immole à la vindicte publique ; elle attendrit le spectateur & l’intéresse en faveur du malheureux qui gémit ; elle n’en impose point au méchant, que la vue des cruautés qui lui sont destinées rend souvent plus féroce, plus cruel, plus ennemi de ses associés. Si l’exemple de la