Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

exempter ; si elles les suspendoit un instant, c’est pour lors que le désordre se mettroit en elle & que son harmonie seroit troublée.

Ceux qui étudient la nature en prenant l’expérience pour guide peuvent seuls deviner ses secrets, & démêler peu-à-peu la trame, souvent imperceptible, des causes dont elle se sert pour opérer ses plus grands phénomènes ; à l’aide de l’expérience nous lui découvrons souvent de nouvelles propriétés & de nouvelles façons d’agir inconnues des siécles qui nous ont précédés. Ce qui étoit des merveilles, des miracles, des effets surnaturels pour nos aïeux, devient aujourd’hui pour nous des effets simples & naturels, dont nous connoissons le méchanisme & les causes. L’homme, en sondant la nature, est parvenu à découvrir les causes des tremblemens de la terre, du mouvement périodique des mers, des embrâsemens soûterreins, des météores, qui étoient pour nos ancêtres, & qui sont encore pour le vulgaire ignorant, des signes indubitables de la colère du ciel. Notre postérité en suivant & rectifiant les expériences faites & par nous & par nos pères, ira plus loin encore, & découvrira des effets & des causes qui sont totalement voilés à nos yeux. Les efforts réunis du genre humain parviendront, peut-être, un jour à pénétrer jusques dans le sanctuaire de la nature pour découvrir plusieurs des mystères qu’elle a semblé jusqu’ici refuser à toutes nos recherches.

En envisageant l’homme sous son véritable aspect ; en quittant l’autorité pour suivre l’expérience & la raison ; en le soumettant tout entier aux loix de la physique, auxquelles l’imagina-