Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/29

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corps entier eſt transféré d’un lieu dans un autre ; le mouvement de ce genre eſt ſenſible pour nous. C’est ainſi que nous voyons une pierre tomber, une boule rouler, un bras ſe mouvoir ou changer de poſition. L’autre eſt un mouvement interne & caché, qui dépend de l’énergie propre à un corps, c’eſt-à-dire de l’eſſence, de la combinaiſon, de l’action & de la réaction des molécules inſenſibles de matiere dont ce corps eſt compoſé : ce mouvement ne ſe montre point à nous, nous ne le connoiſſons que par les altérations ou changemens que nous remarquons au bout de quelque tems ſur les corps ou ſur les mêlanges. De ce genre sont les mouvemens cachés que la fermentation fait éprouver aux molécules de la farine, qui d’éparses & ſéparées qu’elles étoient, deviennent liées & forment une maſſe totale que nous nommons du pain. Tels ſont encore les mouvemens imperceptibles par leſquels nous voyons une plante ou un animal s’accroître, ſe fortifier, s’altérer, acquérir des qualités nouvelles, ſans que nos yeux aient été capables de ſuivre les mouvemens progreſſifs des cauſes qui ont produit ces effets. Enfin tels ſont encore les mouvemens internes qui ſe paſſent dans l’homme que nous avons nommés ſes facultés intellectuelles, ſes penſées, ſes paſſions, ſes volontés dont nous ne ſommes à portée de juger que par les actions, c’eſt-à-dire par les effets ſenſibles qui les accompagnent ou les ſuivent. C’est ainſi que lorſque nous voyons un homme fuir, nous jugeons qu’il eſt intérieurement agité de la paſſion de la crainte ; &c.

Les mouvemens, ſoit viſibles ſoit cachés, sont appellés mouvemens acquis quand ils ſont imprimés à un corps par une cauſe étrangere ou par