Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/30

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une force exiſtante hors de lui, que nos ſens nous font appercevoir ; c’est ainſi que nous nommons acquis le mouvement que le vent fait prendre aux voiles d’un vaiſſeau. Nous appellons ſpontanés les mouvemens excités dans un Corps qui renferme en lui même la cauſe des changemens que nous voyons s’opérer en lui ; alors nous diſons que ce corps agit & ſe meut par ſa propre énergie. De cette eſpèce ſont les mouvemens de l’homme qui marche, qui parle, qui penſe, & cependant, ſi nous regardons la chose de plus près, nous ſerons convaincus, qu’à parler ſtrictement, il n’y a point de mouvemens ſpontanés dans les différens corps de la nature, vû qu’ils agiſſent continuellement les uns ſur les autres, & que tous leurs changemens ſont dûs à des cauſes ſoit viſibles ſoit cachées qui les remuent. La volonté de l’homme eſt remuée ou déterminée ſecrétement par des causes extérieures qui produisent un changement en lui ; nous croyons qu’elle ſe meut d’elle-même, parce que nous ne voyons ni la cauſe qui la détermine, ni la façon dont elle agit, ni l’organe qu’elle met en action.

Nous appellons mouvemens ſimples ceux qui sont excités dans un corps par une cauſe ou force unique : nous appellons compoſés les mouvemens produits par pluſieurs cauſes ou forces diſtinguées, ſoit que ces forces ſoient égales ou inégales, conſpirantes ou contraires, ſimultanées ou ſucceſſives, connues ou inconnues.

De quelque nature que ſoient les mouvemens des êtres, ils ſont toujours des ſuites néceſſaires de leurs eſſences ou des propriétés qui les conſtituent, & de celles des cauſes dont ils éprouvent