Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/308

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par-tout il nuit à ses semblables pour se tirer de peine ; envain pour le contenir on lui montre le ciel, ses regards bien-tôt retombent sur la terre ; il y veut être heureux à tout prix, & les loix, qui n’ont pourvu ni à son instruction, ni à ses mœurs, ni à son bonheur, le menacent inutilement & le punissent de la négligence injuste des législateurs. Si la politique plus éclairée elle-même s’occupoit sérieusement de l’instruction & du bien-être du peuple ; si les loix étoient plus équitables, si chaque société moins partiale donnoit à chacun de ses membres les soins, l’éducation & les secours qu’il est en droit d’exiger ; si les gouvernemens moins avides & plus vigilans se proposoient de rendre leurs sujets plus heureux ; on ne verroit point un si grand nombre de malfaiteurs, de voleurs, de meurtriers infester la société ; on ne seroit point obligé de leur ôter la vie pour les punir d’une méchanceté, qui n’est due pour l’ordinaire qu’aux vices de leurs institutions ; il ne seroit point nécessaire de chercher dans une autre vie des chimeres toujours forcées d’échouer contre leurs passions & leurs besoins réels. En un mot si le peuple étoit plus instruit & plus heureux, la politique ne seroit point dans le cas de le tromper pour le contenir, ni de détruire tant d’infortunés pour s’être procuré le nécessaire aux dépens du superflu de leurs concitoyens endurcis.

Lorsque nous voudrons éclairer l’homme, montrons lui toujours la vérité. Au lieu d’allumer son imagination par l’idée de ces biens prétendus que l’avenir lui réserve, qu’on le soulage, qu’on le secoure, ou du moins qu’on lui permette de jouir du fruit de son labeur, qu’on ne lui ravisse point son bien par des impôts cruels, qu’on ne le décou-