Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/31

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l’action. Chaque être ne peut agir & ſe mouvoir que d’une façon particuliere, c’eſt-à-dire ſuivant des loix qui dépendent de ſa propre eſſence, de ſa propre combinaiſon, de ſa propre nature, en un mot de ſa propre énergie & de celle des corps dont il reçoit l’impulſion. C’eſt là ce qui conſtitue les loix invariables du mouvement ; je dis invariables parce qu’elles ne pourroient changer ſans qu’il ſe fit un renverſement dans l’eſſence même des êtres. C’eſt ainſi qu’un corps peſant doit néceſſairement tomber, s’il ne rencontre un obſtacle propre à l’arrêter dans ſa chûte. C’eſt ainſi qu’un être ſenſible doit néceſſairement chercher le plaiſir & fuir la douleur. C’eſt ainſi que la matiere du feu doit néceſſairement brûler & répandre de la clarté. &c.

Chaque être a donc des loix du mouvement qui lui ſont propres, & agit conſtamment ſuivant ces loix, à moins qu’une cauſe plus forte n’interrompe ſon action. C’eſt ainſi que le feu ceſſe de brûler des matieres combuſtibles dès qu’on ſe ſert de l’eau pour arrêter ſes progrès. C’eſt ainſi que l’être ſenſible ceſſe de chercher le plaiſir dès qu’il craint qu’il n’en réſulte un mal pour lui.

La communication du mouvement ou le paſſage de l’action d’un corps dans un autre ſe fait encore ſuivant des loix certaines & néceſſaires ; chaque être ne peut communiquer du mouvement qu’en raiſon des rapports de la reſſemblance, de la conformité, de l’analogie ou des points de contact qu’il a avec d’autres êtres. Le feu ne ſe propage que lorſqu’il rencontre des matieres renfermant des principes analogues à lui ; il s’éteint quand il rencontre des corps qu’il ne peut embraſer,