Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/378

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ou malheureuse, active ou languissante, contente ou affligée en dépit d’elle-même & de tous les efforts qu’elle pouvoit faire pour se trouver autrement. On chercha dans les cieux des mobiles fictifs pour la remuer ; on ne présenta aux hommes que des intérêts imaginaires ; sous prétexte de leur faire obtenir un bonheur idéal, on les empêcha de travailler à leur bonheur véritable qu’on se garda bien de leur faire connoître ; on fixa leurs regards sur l’empyrée pour ne plus voir la terre, on leur cacha la vérité, & l’on prétendit les rendre heureux à force de terreurs, de phantômes & de chimeres. Enfin aveugles eux-mêmes, ils ne furent guidés que par des aveugles dans le sentier de la vie, où les uns & les autres ne firent que s’égarer.

CONCLUSION.

De tout ce qui a été dit jusqu’ici, il résulte évidemment que toutes les erreurs du genre-humain en tout genre viennent d’avoir renoncé à l’expérience, au témoignage des sens, à la droite raison, pour se laisser guider par l’imagination souvent trompeuse & par l’autorité toujours suspecte. L’homme méconnoîtra toujours son vrai bonheur tant qu’il n’égligera d’étudier la nature, de s’instruire de ses loix immuables, de chercher en elle seule les vrais remèdes à des maux qui sont des suites nécessaires de ses erreurs actuelles. L’homme sera toujours une énigme pour lui-même tant qu’il se croira double & mû par une force inconcevable dont il ignore la nature & les loix. Ses facultés qu’il nomme intellectuelles, & ses qualités morales, seront inintelligibles pour lui s’il ne les considère du même œil que ses qualités ou facultés corporelles, & ne les voit soumises