Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/38

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inanimée peut paſſer à la vie qui n’eſt elle même qu’un aſſemblage de mouvemens.

On peut ſur-tout remarquer la génération du mouvement ou ſon développement, ainſi que l’énergie de la matiere, dans toutes les combinaiſons où le feu, l’air & l’eau ſe trouvent joints ensemble ; ces élémens, ou plutôt ces mixtes, qui sont les plus volatils & les plus fugitifs des êtres, ſont néanmoins dans les mains de la nature les principaux agens dont elle ſe ſert pour opérer ſes phénomènes les plus frappants : c’eſt à eux que ſont dûs les effets du tonnerre, les éruptions des volcans, les tremblemens de la terre. L’art nous offre un agent d’une force étonnante dans la poudre à canon, dès que le feu vient à s’y joindre. En un mot les effets les plus terribles ſe font en combinant des matières, que l’on croit mortes & inertes.

Tous ces faits nous prouvent invinciblement que le mouvement ſe produit, s’augmente & s’accélere dans la matiere ſans le concours d’aucun agent extérieur ; & nous ſommes forcés d’en conclure que ce mouvement eſt une ſuite néceſſaire des loix immuables, de l’eſſence & des propriétés inhérentes aux élémens divers & aux combinaiſons variées de ces élémens. N’eſt-on pas encore en droit de conclure de ces exemples qu’il peut y avoir une infinité d’autres combinaisons capables de produire des mouvemens différens dans la matiere, ſans qu’il ſoit beſoin pour les expliquer de recourir à des agens plus difficiles à connoître que les effets qu’on leur attribue ?

Si les hommes euſſent fait attention à ce qui ſe paſſe ſous leurs yeux, ils n’auroient point été