Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/381

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travailler à leur bonheur réel ; à les énivrer de vertiges & d’opinions nuisibles à leur tranquillité, enfin à endormir la vigilance des législateurs en les dispensant de donner à l’éducation, aux institutions & aux loix de la société toute l’attention qu’ils leur doivent. Nous avons fait sentir que la politique s’est à tort reposée sur une opinion peu capable de contenir des passions que tout s’efforce d’allumer dans les cœurs des hommes, qui cessent de voir l’avenir dès que le présent les séduit ou les entraîne. Nous avons fait voir que le mépris de la mort est un sentiment avantageux, propre à donner aux esprits le courage d’entreprendre ce qui est vraiment utile à la société. Enfin nous avons fait connoître ce qui pouvoit conduire l’homme au bonheur, & nous avons montré les obstacles que l’erreur oppose à sa félicité.

Que l’on ne nous accuse donc pas de démolir sans édifier ; de combattre des erreurs sans leur substituer des vérités ; de sapper à la fois les fondemens de la religion & de la saine morale. Celle-ci est nécessaire aux hommes ; elle est fondée sur leur nature ; ses devoirs sont certains, & doivent durer autant que la race humaine ; elle nous oblige, parce que sans elle ni les individus ni les sociétés ne peuvent subsister ni jouir des avantages que leur nature les force de désirer.

Ecoutons donc cette morale établie sur l’expérience & sur la nécessité des choses ; n’écoutons point cette superstition fondée sur des rêveries, sur des impostures & sur les caprices de l’imagination. Suivons les leçons de cette morale humaine & douce qui nous conduit à la vertu par la voix du bonheur : bouchons nos oreilles aux cris