Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/41

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tir totalement ou ceſſer d’exister ; or comment comprendra-t-on que ce qui ne peut ceſſer d’être ait pu jamais commencer ?

Ainsi lorſqu’on demandera d’où eſt venu la matiere ? Nous dirons qu’elle a toujours exiſté. Si l’on demande d’où eſt venu le mouvement dans la matiere ? Nous répondrons que par la même raiſon elle a dû ſe mouvoir de toute Eternité, vû que le mouvement eſt une ſuite nécessaire de ſon exiſtence, de ſon eſſence & de ſes propriétés primitives, telles que ſon étendue, ſa peſanteur, ſon impénétrabilité, ſa figure &c. En vertu de ces propriétés eſſentielles, conſtitutives, inhérentes à toute matiere & ſans leſquelles il est impoſſible de s’en former une idée, les différentes matieres dont l’univers eſt compoſé, ont dû de toute éternité peſer les unes ſur les autres, graviter vers un centre, ſe heurter, ſe rencontrer, être attirées & repouſſées, ſe combiner & ſe ſéparer, en un mot agir & ſe mouvoir de différentes manieres, ſuivant l’eſſence & l’énergie propres à chaque genre de matiere & à chacune de leurs combinaiſons. L’exiſtence ſuppose des propriétés dans la choſe qui exiſte ; dès qu’elle a des propriétés, ſes façons d’agir doivent néceſſairement découler de ſa façon d’être. Dès qu’un corps a de la peſanteur il doit tomber ; dès qu’il tombe il doit frapper les corps qu’il rencontre dans ſa chûte ; dès qu’il eſt denſe & ſolide, il doit en raiſon de ſa propre denſité communiquer du mouvement aux corps qu’il va heurter ; dès qu’il a de l’analogie & de l’affinité avec eux, il doit s’y unir ; dès qu’il n’a point d’analogie, il doit être repouſſé &c.

D’où l’on voit qu’en ſuppoſant, comme on y eſt forcé, l’exiſtence de la matiere, on doit lui